Un mythe cette Carretera Austral !
Aussi magnifique et sauvage que difficile à parcourir à cause de
son état.
Une vraie tueuse de cardans,
d'amortisseurs, de biellettes en tout genre et surtout de pneus....
Nous avons donc décidé d'y
aller...mollo, et nous comprenons rapidement le pourquoi de la
mauvaise réputation vue la vitesse de croisière des véhicules
locaux, au triple de la nôtre !
5 novembre
Départ à midi de Chile Chico après
avoir re-re-re-re-croisé les Courtiseurs d'horizons qui la veille
ont frôlé la catastrophe à cause du vent qui a failli coucher leur
camping-car sur la Ruta 40.
Ils ont aussi décidé d'aller sur la
Carretera en y espérant moins de vent.
Nous empruntons la piste 265 CH qui
rejoint la Carretera après 128 kms et tout de suite c'est l'extase,
avec le beau temps revenu.
Nous longeons le Lago Buenos Aires et
ses eaux couleur Canard WC avec les montagnes enneigées de la
Cordillère des Andes en arrière-plan. Nous ne pouvons guère
dépasser les 30 km/h mais il serait dommage d'aller plus vite avec
de si beaux panoramas !
C'est pentu ici...!!! |
A mi-chemin nous trouvons un bivouac
vraiment sympa à l'abri du vent où les Courtiseurs nous rejoignent
en soirée pour un BBQ improvisé de toute beauté.
6 novembre
Nous rejoignons enfin la Carretera à
la mi-journée et mettons cap au sud vers Cochrane.
La confluence de 2 rios |
Bien que les paysages soient toujours aussi beaux, nous commençons à trouver difficile la recherche de bivouacs. Dévolu est jeté sur une petite piste transversale qui voulait nous faire traverser un pont suspendu et très étroit, déjà branlant à pied mais nous assurant supporter 3T.
Comme nous ne sommes pas à 300 kg près
et surtout qu'il apparaît difficile de faire demi-tour, nous
essayons d'y engager le chameau...sans succès car impossible de le
mettre dans l'axe du pont.
200 mètres de marche arrière et un demi-tour dans ces conditions nécessitent la super caméra de
recul nommée...Sandra !
Nous trouvons finalement un pis-aller pour passer la nuit (je déconne nous sommes contents) :
7 novembre
Nous traversons Cochrane et continuons
vers Caleta Tortel distante de 130 kms (les Oukilay nous en ont fait
la promo).
La piste se détériore et même à 20
km/h, la concentration nécessaire et la rareté des bivouacs
« égarés » nous font faire demi-tour après 30 kms. En
fait il est quasi impossible de s'éloigner de plus de 20 mètres de
la piste, et quand cela serait possible, c'est une propriété privée
avec barrière, soit fermée et cadenassée, soit ouverte vers des
« cabanas » (des cabanes à touristes). A vrai dire, nous
ne nous y attendions pas car rêvions de bivouacs encore plus sauvages.
Malgré tout il y a pire pour passer la
nuit :
8 novembre
Nous re-traversons Cochrane en fin de
matinée direction le parc privé Patagonia en cours d'aménagement
par ses richissimes propriétaires américains (également
propriétaires des marques North Face, Patagonia et Esprit). Notre
guide le Lonely Planet (américain) nous explique que leur but est de
préserver cet endroit des velléités capitalistes. Un comble
louable?
Bref, plusieurs randonnées nous
attirent car les paysages sont incroyables. Cependant, près avoir
parcouru environ 70 kms de pistes en « tôle ondulée »
absolument infectes, nous ressortons du parc sans nous être
promenés !
En effet nous n'avons pas trouvé ce
que nous cherchons inlassablement, un endroit sauvage et tranquille
afin de pouvoir quelque peu « s'étaler ».
Nous disons
donc adieu aux quelques parkings neufs et empierrés du parc et
bivouaquons à la tombée du jour bien plus loin au bord du Lago
Bertrand...et de la Carretera.... 180 kms et 9h de conduite
aujourd'hui !
9 novembre
Nous continuons notre remontée de la
Carretera, poursuivis par le camping-car des Courtiseurs d'horizon
qui est bien méritant dans ces parages de torture mécanique !
C'est son jour d'ailleurs, car après
l'enlisement du matin, il a refusé tout net de remonter un chemin
qui conduit à un petit camping au bord d'un lac, juste à côté des fameuses cathédrales de marbre nommées "marmols" que nous ne verrons que de loin.
Il faut dire que cette pente empierrée
d'1 km est plus que prononcée. Nous nous y étions également
engagés 15 minutes plus tôt en pronostiquant de faibles chances de
remontée autonome.
Au moment de tenter cette remontée,
quelle surprise de voir débarquer le mastodonte de 5T lui aussi en
traction. Regards croisés de ceux qui savent qu'ils ont fait une
connerie en venant là... d'autant que le camping n'en valait pas le
coup.
Pour augmenter nos chances, nous
chargeons le train avant du Master avec nous quatre, accompagnés des
bidons d'eau et de gazole. Et celui-ci monte sans broncher en
première, aidé de ses pneus accrocheurs que décidément je ne
regrette pas d'avoir installés.
Quant au camping-car, ayant déjà
failli continuer de descendre en arrière et roues bloquées...même
pas la peine de tenter.
C'est l'intervention d'un mécano de
Puerto Tranquillo avec son Terrano surpuissant qui débloquera la
situation moyennant 50Kpesos (70€). Il nous dit avoir
l'habitude...on le croit.
Moralité de l'aventure, ne pas faire
les fainéants en n'allant pas reconnaître à pied au préalable...
Mais il faut aussi dire que la fatigue
se fait sentir.
La fin du remorquage, les plus grosses pentes sont passées. |
Le sauveur de Puerto Tranquillo mérite sa bière |
Nous repartons tranquilou chacun de
notre côté et trouvons difficilement un bivouac acceptable à la
tombée du jour, sous la pluie.
10 novembre
Il a plu toute la nuit et ça continue,
nous ne voyons même plus les montagnes aux alentours.
Heureusement la Carretera ne se
transforme pas en bourbier dans ces conditions tellement elle est
dure. A noter que les ouvrages de drainage des eaux de pluie sont
très efficaces.
Un stop sandwich dans un bus au bord de la route |
90 kms avant la ville de Coihaique,
l'asphalte fait enfin son apparition tandis que la pluie s'arrête.
Nous ne trouvons pas plus de bivouacs isolés que les jours
précédents alors nous décidons d'aller au camping Las Torres del
Simpson, 60 kms après Coihaique. Un peu de repos avec du wifi et des
douches, voilà ce qu'il nous faut !
Après 200 kms avalés aujourd'hui en
7h de route, nous déboulons donc dans ce camping où notre première
image sera un camping-car orné de stickers « Courtiseurs
d'horizon » !
Stupéfaction et joie réciproques.
Nous leur avouons avoir placé un tracker GPS sur leur véhicule.
Cette anecdote souligne tout de même
nos difficultés communes au Chili à trouver ce que nous
recherchons. Nous avons du mal à nous accommoder de bivouacs en bord
de route ou organisés et très chers par ailleurs (30€ en moyenne
par nuit pour nous quatre).
Un doute commence à s'installer quant
à savoir si nous poursuivrons la Carretera jusqu'à Puerto Montt.
Cela dit nous passons une merveilleuse
soirée, accueillis chaleureusement par Nachos et Sandra les
propriétaires des lieux. Avec des motards allemands de passage, nous
partageons tous ensemble un BBQ, bien à l'abri dans une salle
commune chaleureuse à souhait.
Le compteur affiche 10 000 kms tout ronds depuis Montevideo.
Le compteur affiche 10 000 kms tout ronds depuis Montevideo.
11 novembre
Dans la matinée, Nachos montre et
explique en détail à notre petit groupe son travail de culture de
salades bio, dans plusieurs serres qu'il a construites. Il nous
initie à la cérémonie du maté, LA boisson d'Amérique du sud.
Sandra offre à Sandra un peu de notre levain conçu en Uruguay.
Cette escale super sympa ne nous a pas
malgré tout pas reposés et nous repartons chacun de notre côté en
cours de journée, toujours cap au Nord.
80 kms plus loin, nous dénichons grâce
à ioverlander un bivouac de rêve au bord d'une rivière, c'est à
dire à 5 kms de la route principale, isolé, caché, avec vue, avec
du bois mort pour faire le feu, et de l'eau. (noté « River
camp » sur ioverlander, S 44°59.819' , W 72°5.935')
Nous y resterons le lendemain.
13 novembre
Départ à 7h du matin car la pluie
refait son apparition avec force et il faut se méfier d'un
enlisement en règle. Comme la route est toujours asphaltée, les
filles restent au lit !
La pluie s'est bien installée, la
visibilité mauvaise. Nous traversons le Parc National Queulat sans
même nous y arrêter.
Ses randonnées humides ne nous tentent
pas et nous ne tenons pas à attendre que le temps s'améliore,
d'autant que toujours pas de bivouacs en vue.
Décision est prise à la volée et de
concert de quitter la Carretera et la pluie pour rejoindre
l'Argentine et la Ruta 40 par le « paso Futaleufu ».
A Sta Lucia, nous tournons donc à
droite sur les pistes étroites X235 puis X231. Malgré la pluie, la
piste est bonne, les paysages absolument magnifiques, et les bivouacs
possibles.
Les quelques hameaux pittoresques ne
donnent pas l'impression d'être dédiés exclusivement au tourisme.
Nous imaginons que dans le passé la
Carretera Austral devait ressembler à ça.
Nous trouvons facilement où passer la
nuit, 40 kms avant la frontière, et tombons forcément sur nos amis
les Courtiseurs qui ont également décidé de quitter la Carretera
par ce passage.
L'endroit est super mais il pleut sans
discontinuer. Nous partageons le dîner dans le camping-car.
La corvée de la cassette ! |
14 novembre
Il a plu toute la nuit, il pleut
toujours le matin, et dans ces conditions la température peine à
dépasser les 8°C. Sachant que le mauvais temps peut s'installer
durablement de ce côté de la Cordillère, nous quittons le Chili
sans regrets pour la Patagonie argentine.
Aurions-nous un faible pour
l'Argentine ?
Nous aurons donc parcouru 1 100 kms au
Chili sur la Carretera Austral, nous avons eu le chance d'y trouver
un temps majoritairement clément, des paysages extraordinaires, et
de ne pas y avoir endommagé la mécanique, même pas les pneus qui
semblent toujours à l'état neuf contrairement à ceux du
camping-car des Courtiseurs qui sont ruinés.
Nous n'avons malheureusement pas
rencontré beaucoup la population hormis Nachos, qui est espagnol, et
sa femme Sandra.
Nous allons quitter bientôt la Patagonie, ses espaces infinis, son climat rude.
En route maintenant vers les terres des humains !
Et pour finir, la vidéo des Courtiseurs...
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